Entérotoxiques

Plantes Entérotoxiques :

Introduction :
Les troubles digestifs sont dus à deux grands types de toxiques :
- ceux qui ont une action directe irritante ou caustique sur le tube digestif (cas le plus général),
- des alcaloïdes actifs qui agissent sur le système parasympathique (tabac).
Les symptômes digestifs sont les symptômes dominants mais il peut exister d'autres types de troubles, surtout avec les toxiques qui passent dans le sang et qui peuvent déterminer une association variée de symptômes (troubles nerveux, urinaires, sanguins) avec une constante digestive.

Les premiers signes observés permettent de classer les plantes en trois grandes catégories :
- les plantes provoquant des vomissements précoces,
- les plantes provoquant de la constipation, souvent suivie de diarrhées,
- les plantes provoquant des diarrhées,
Ces principes étant très irritants et âcres, les animaux arrêtent souvent d'en ingérer spontanément.

Symptômes & lésions :
Symptômatologie d'évolution complexe à point de départ digestif :

troubles digestifs. Secondairement, la résorption du toxique entraîne le plus souvent des
troubles au niveau du système nerveux, qui se manifestent plus ou moins violemment selon la dose ingérée, en débutant par des manifestations :
- d'excitation qui conduisent ensuite à l'épuisement et à un
- syndrome dépressif, souvent de mauvais pronostic.
A ce stade, il est fréquent de noter de l'hypothermie et la mort survient par collapsus cardio-respiratoire.
à ces troubles très généraux, il faut ajouter les manifestations spécifiques de certaines plantes :
- chêne (mal de brou avec jeunes feuilles et repousses, glands frais = toxicomanie) : constipation, tristesse, somnolence, amaigrissement, oedèmes déclives + troubles urinaires (oligurie, hématurie, albuminurie, douleurs dorsales) surtout observés chez le cheval + augmentation de l'urée sanguine de mauvais pronostic,
- tabac : cécité précoce, constipation puis débacle diarrhéique,
- pomme de terre : eczéma vésiculeux des parties internes des membres et effet tératogène (solasodine),
- nielle : hyperthermie importante.

Lésions de gastro-entérite (non pathognomoniques) et parfois de dégénérescence hépatique ; lésions rénales avec les chênes (glomérulonéphrite). Plus rarement, oedème pulmonaire.

Irritation directe de la muqueuse (cucurbitacine, bryonine, ricinine, githagine, helleboroside, buxine, evonoside...),
Action de tannage de l'acide gallique et du pyrogalol sur la muqueuse intestinale : assèchement, durcicessement et blocage des sécrétions d'où lésions qui diminuent l'absorption des principes digestifs (sous-alimentation) et qui permettent le passage des germes (infections opportunistes). Les phénols toxiques agissent ensuite sur l'épithélium rénal donc glomérulonéphrite et augmentation de l'urémie.
Alcaloïdes du tabac : action sur le système organovégétatif avec paralysie de sympathique et excitation du parasympathique pour aboutir à une paralysie des 2 systèmes dans un deuxième temps,
Pomme de terre, morelle noire et colchique : alcaloïdes à action parasympatholytique,
Oenanthe et oenanthetoxine : mode d'action inconnu.

Pronostic :
il est souvent sombre avec le chêne (provoque la mort en 8-10 jours dans 85 % des cas), le tabac, l'oenanthe, la colchique et le ricin. Si les animaux survivent, les pertes économiques sont importantes.

Vétranquil ND pour calmer les animaux,
Charbon officinal en mélange avec du kaolin, de la magnésie et des tanins à parties égales dans de l'eau pour les diarrhées : administrer 5 à 50g pour un petit animal, 250 à 500g pour un cheval ou un bovin.
Réhydratation avec du sérum glucosé et salé,
Facteurs lipotrophes : methionine, sorbitol, inositol, vitamine B12, choline
Diurétiques et tonicardiaques dans les cas les plus graves.

Tabac : faire si possible un lavage gastrique avec du permanganate de potassium filtré (0.1 g/L).

Tanins : faire vomir avec de l'apomorphine chez le chien (0.1 mg/kg en SC ou IM), de la veratrine chez le porc (7.5 mg en SC), du sirop d'ipéca pour le chat (5 mL/kg). Administrter des purgatifs huileux : huile de paraffine, décoction de graines de lin (300-1000 g) ou lavement. Donner un alcaloïde parasympathicomimétique : la pilocarpine, pour évacuer le TD.

D'une manière générale, éviter les plantes entérotoxiques, c'est à dire les connaître, les reconnaître et les supprimer...

chêne : en interdire l'accès aux animaux, grillage ou ratissage avant. Se méfier des repousses après une coupe,
tabac : fermer les séchoirs,
oenanthe : ne pas jeter les racines, détruire les plantes après curetage des fossés,
morelle noire : si plus de 20 % dans l'ensilage, ne pas distribuer. En dessous, limiter la quantité distribuée à 10 kg puis augmenter progressivement jusqu'à 20 kg en l'absence de troubles digestifs.