Cette intoxication suit l'intensification fourragère et est souvent consécutive à l'utilisation excessive d'engrais azotés. Les symptômes sont surtout liés aux nitrates chez les monogastriques et aux nitrites chez les ruminants car les bactéries ruminales réduisent les nitrites en nitrates, qui une fois absorbés, transforment l'hémoglobine en methémoglobine, empêchant les hématies de fixer l'oxygène. Les plantes contenant des nitrates contiennent souvent aussi des oxalates d'où les difficultés pour identifier la cause de l'intoxication.
NO3K
Symptômes & lésions :
les symptômes dépendent de l'évolution :
- formes aigües : latence de 5 à 12h puis évolution en 12 à 24h (mort après au moins 5 h). l'animal présente des troubles digestifs (salivation, météorisation, parfois diarrhée (nitrates)), troubles respiratoires (dyspnée (nitrites)), troubles nerveux (tremblements, parfois convulsions (nitrites)) et troubles circulatoires et sanguins (muqueuses décolorées brun sale (nitrites), hypotension (nitrates)). Quelques cas d'avortement sont rapportés.
- formes chroniques : retard de croissances et hypothyroïdie, hypovitaminose A, immunodépression, troubles de la reproduction.
lésions digestives (gastro-entérite hémorragique) et extra-digestives (lésions hémorragiques sur d'autres organes). Sang brun foncé si MetHg/Hg > 10%. Absence d'odeur.
Intoxication aiguë : les nitrates sont des irritants gastriques, entraînent des diarrhées (monogastriques) et ont une action sur le rein (polyurie et hypotension dûe à une vasodilatation) ; les nitrites formés dans le tube digestif puis absorbés, transforment l'hémoglobine en methémoglobine : sang marron, polypnée, anoxie du SNC (convulsions). Toxicité liée à la quantité de nitrites formés (10-30 g/100 kg de PV/repas = aigu ; 3g/100 kg de PV/repas = chronique), à la vitesse de libération des nitrates par les cellules végétales (foin > ensilage > herbe car parois cellulaires altérées), à la durée de l'ingestion (les ruminants résistent mieux à l'ingestion d'une dose élevée unique (90 g/100 kg de PV) qu'à des doses modestes pendant plusieurs jours car des apports répétés sélectionnent une flore productrice de nitrites qui maintient la production de nitrites d'où une teneur élevée en methémoglobine), au rapport MetHg/Hg (< 20% = chronique, = 50% grave, > 70% = mortel).
Intoxication chronique : les nitrites oxydent et bloquent le fer nécessaire à de nombreuses activités enzymatiques.
clinique : muqueuses décolorées, sales et symptômes digestifs, respiratoires, nerveux, après une latence de 5 à 12h (différentier des intoxications à l'acide cyanhydrique),
nécropsique : sang foncé, lésions au niveau du TD ; Test à la diphénylamine (nitrates) ou Test aux nitrites.
bleu de méthylène en solution à 2% : 2 à 5 mg/100 kg de PV ; ajouter éventuellement de l'adrénaline (2 à 2,5 ml de solution à 1p.1000).
engrais azotés : un maximum 80 kg d'N/ha/coupe garantit l'absence de nitrates ; 200 kg N/ha/coupe donnent 0,6% de nitrates en/MS. Les nitrates apparaissent dès que N > 3% MS soit MAT > 18,75% MS.
précautions agronomiques : fractionner l'épendage d'engrais (maximum 80 kg/ha/épendage) ; équilibrer N P K, favoriser les autres amendements (si pH acide ou manque de P ou de MO, augmentation des nitrates) ; assurer l'hydratation du sol et une bonne densité de semis (sorgho) : la lumière est nécessaire à la nitrate réductase.
précautions hygiéniques : attendre au moins 5 semaines entre épendage d'engrais et consommation de l'herbe ; éviter les ingestions massives (animaux affamés) ; soigner les transitions alimentaires (équilibre de la flore ruminale).